Des années 90 expérimentales

Le nom

Comme son appellation le laisse entendre, l’association Péclôt 13
s’occupe de vieux vélos (affectueusement appelés « péclôts » à Genève)
et est née dans le contestataire îlot 13, derrière la gare Cornavin.

Itinérances

En 1989, le point de départ n’était qu’une brinquebalante charrette
itinérante entre les Grottes et l’Ilot 13, chargée de vélos et pièces
détachées. Pendant quelques mois, deux soirs par semaine, les
réparations prirent ainsi place dans une épique arrière-cour du
quartier, qui avait déjà accueilli tipis et fêtes sauvages.

Sédentarisation

A la rue des Gares, une ancienne serrurerie (du « père Tino ») fut
finalement occupée. Parenthèse historique : à l’époque, l’îlot 13
abritait certainement le plus grand nombre d’arcades squattées de toute
l’Europe. Et les activités de base continuèrent : remise en état de
bicyclettes et auto-réparation (prêt d’outillage et mise à disposition
de pièces détachées récupérées sur de vieux vélos). Le troc était roi :
nous offrions des pièces et l’on nous donnait ce que l’on voulait bien
(le champ de l’échange est si vaste…).

Vivre la ville

Péclôt 13 ne se suffisait pas de ses 4 murs, il fallait sortir,
diffuser l’idée, monter qu’il était possible de vivre différemment. Ce
fut l’époque des explorations diverses :

  • Réparations hivernales itinérantes dans les rues centrales de Genève
    avec remorque incendiaire (ce n’était que pour offrir un peu de feu, de
    chaleur et de fumée de bois aux badauds et mécanos)
  • Mise en place des premières animations hors-murs de la ville,
    notamment dans le parc des Acacias (ces animations hors-murs se font
    maintenant un peu partout mais les premières paraissent si nouvelles, si
    incongrues et subversives).
  • Elaboration de Véloc, ancêtre de Genève Roule et de tous les réseaux
    de prêt gratuit de vélos en Romandie. Location d’une très poussiéreuse
    arcade à 10 m de la gare, vide depuis dix ans.

Vivre le quartier

Le frondeur quartier des Grottes se prêtait (et se prête toujours)
bien à diverses formes de vie sociale. Avec l’association Pré-en-Bulle,
plusieurs projets novateurs purent être mis sur pied (ou plutôt sur
roues de vélo) avec une flotte de triporteurs – faits maison –
hébergeant atelier-mécanique, guinguette, info de quartier, cirque ou
encore projecteur de cinéma, notamment une féérique « première » à la
rue de l’Industrie.. De rue en arrière-cour, de parc en place.

Un réseau international ?

Dans une société noyée sous les automobiles et les échanges
monétaires, Péclôt 13 détonnait quelque peu. Mais personne n’imaginait
que le concept se diffuse, à part 2-3 utopistes. Pourtant, suite à des
articles et des conférences (dont un exposé à la mairie de Paris),
l’idée commença à se faire connaître. Des militants anti-voitures de
Lyon visitèrent Péclôt 13 et « exportèrent » le concept en France : sur
les pentes du quartier rebelle de la Croix-Rousse. Le premier atelier
d’auto-réparation français était né. L’idée se développa ensuite en
Rhône-Alpes, puis sur l’ensemble du territoire national (et même un peu
au-delà). Une fédération des ateliers-vélo, souvent autogérés, se mit
même en place, regroupant plus de 100 ateliers.

On s’est toujours battu pour la rue de l’Industrie

Péclôt 13 a toujours eu une forte implication dans la rue de
l’Industrie. Nous n’avons jamais été indifférents au destin de cette rue
un peu particulière, que certains considèrent (ou considéraient ?)
comme la plus pittoresque de Genève. Et nous nous sommes toujours battus
pour qu’elle conserve son cachet.

Une rue piétonne

Dès son arrivée dans le quartier, l’association s’est ainsi engagée
pour une zone piétonne (ouverte aux cycles). Nous avons organisé une
pétition, signée par l’ensemble des riverains habitants et commerçants,
demandant la transformation en rue piétonne. Malgré le danger du trafic
automobile, rejetant les piétons sur les bas-côtés de la rue (d’ailleurs
souvent dénués de trottoir), l’administration municipale s’opposa à la
rue piétonne. Le projet traîna en longueur, avant d’être finalement
accepté par le canton. Notons que la dérogation (vélos autorisés dans la
zone piétonne) prit, elle aussi, quelques années avant de se
concrétiser.

Les divers projets de réhabilitation

Péclôt 13 s’est souvent prononcé en égard aux diverses
transformations de la rue. Précisons que l’association ne s’est jamais
s’opposée aux projets de rénovation. Péclôt 13 a néanmoins demandé (et
souvent obtenu) plusieurs adaptations des projets : sauvegarde d’une
cour pavée (devant le 7 Industrie), arrêt d’une démolition abusive
(ex-menuiserie angle Industrie – av. des Grottes), maintien du colombage
apparent (13 Industrie), reconstitution d’une cunette pavée (11
Industrie).

Un futur sans témoignage industriel ?

Suite à ces années de chantiers (un chantier quasi-permanent durant
10 ans), tous les édifices de la rue sont finalement réhabilités, ou en
cours de l’être. Et la volonté de démolir – et non de réhabiliter – le
seul bâtiment industriel de la rue de l’Industrie nous apparaît
maintenant d’autant plus incompréhensible.

Quartier des Grottes : 6 locaux évacués par Péclôt

Historiquement, Péclôt 13 ne s’est jamais opposé à un chantier Ville
ou Etat de Genève. Nous avons toujours été conciliants et vidé les lieux
afin de permettre le démarrage de chantiers, dans les délais prévus.

  • 1995 au 15, rue des Gares : arcade libérée pour permettre la rénovation de l’immeuble.
  • 1995 au 18-20, rue de Montbrillant : bâtiment libéré pour permettre la construction d’un nouvel immeuble.l
  • 2008 au 12, rue de la Cité-de-la-Corderie : dépôt libéré pour
    permettre la réalisation d’un cheminement piétonnier (cheminement jamais
    réalisé, remplacé finalement par une construction).
  • 2009 au 13, arrière-cour à la rue de l’Industrie : dépôt – construit
    par Péclôt 13 et démoli par nos soins – libéré pour permettre une
    installation de chauffage.
  • 2009 au 11, rue de l’ Industrie : dépôt en sous-sol libéré pour permettre la rénovation de l’immeuble.
  • 2010 au 4, rue de la Prairie : dépôt libéré pour permettre la construction d’une salle de concerts (Cave 12).

Un Péclôt 13 maintenant moins conciliant !

Après 15 ans de déménagements divers, alors que la ville s’attaque
maintenant à notre « antre historique », l’association dit « non ». Nous
estimons désormais avoir atteint notre quota d’évacuations.

Péclôt : un peu de linguistique comparative

Que signifie « péclôt » ? En tout cas, rien à voir avec le verlan « péclo » ou « peclo » (clope, ou cigarette).
Voir le lien ci-dessous pour un petit voyage linguistique

Que_veut_dire_peclot.pdf